Lémancolie

Héloïse Pocry
Lémancolie

Lémancolie, nom féminin, néologisme romand emprunté à l’exposition Lemancolia :

  1. Mal du pays des lémaniques lorsque le lac est hors de leur vue trop longtemps.
  2. Prière méditative devant un paysage aussi sublime qu’insaisissable.
  3. Oscillation constante entre émerveillement et mélancolie à observer le monde.

Et pour vous, que serait-ce ?

Une plume encline à la fantaisie, l’encre d’un lac propice à la poésie : bienvenue en Lémancolie !

Héloïse Pocry par Alina Weber

Comme bien d’autres artistes, je ne résiste pas longtemps au charme pictural de la Côte d’Azur ! Mes dernières vacances se sont allègrement métamorphosées en voyage d’inspiration, puis en une exposition d’aquarelles, intitulée Parfum d’Azur. Je transpose de mes pinceaux le dépaysement de couleurs, odeurs et saveurs, espérant que la douceur du souvenir s’y éternise un peu, du grain de sable au grain du papier.

L’exposition a lieu à l’association Etc.! à Nyon le vendredi 1ᵉ septembre 2023 de 18h à 20h et le samedi 2 septembre 2023 de 14h30 à 16h30
Lieu : Chalet Mont-Blanc, chemin de la Croisette 1, 1260 Nyon
Informations :

Au grand plaisir de vous y accueillir !

eau-delà est un projet de peinture de danse qui se situe à la croisée de la calligraphie gestuelle et de la peinture abstraite. Il s’inspire des chorégraphies du duo lausannois PETTIT*ROCHET et de leur MARCHEPIED Cie, l’eau étant notre inspiration commune. Ce projet est lauréat de la Bourse 2022 d’aide à la création de la Ville de Gland et présenté lors d’une interview sur Nyon Région Télévision.

Rendez-vous à Vevey en juin 2023 pour la 1ᵉ partie intitulée Choréogrammes :

  • Exposition dans le foyer de l’Oriental le 14 juin de 17h à 20h30, les 15 et 16 juin de 17h à 20h et le 17 juin de 11h à 15h
  • Atelier tout public à la Cour de l’Avenir le 17 juin de 16h30 à 18h30

Informations et inscriptions : en cliquant ici

Comment redonner vie aux documents et objets d’archives ? Quel a été leur parcours avant de devenir des archives dormant sagement dans des compactus ? Et si nous les réveillions pour qu’ils nous racontent eux-mêmes leur histoire ? Tels les souffleurs de théâtre qui rappellent aux comédiennes et comédiens une réplique oubliée sur scène, les Souffleurs de temps murmurent à nos oreilles leur histoire oubliée d’archives. 

LesSouffleursDeTemps_visuel

Ce projet mêle la création artistique (littéraire, sonore et digitale), la recherche historique et la médiation culturelle. Il est conçu sur mesure pour la Fondation SAPA en collaboration avec Fiona Daniel et Sébastien Bertrand et fait partie des lauréats 2023 du Patrimoine des arts de la scène de l’Office fédéral de la culture. Plus d’informations à venir !

L’autre Musée Jenisch est un audioguide qui vous surprendra ! J’ai écrit les textes en résidence au Musée Jenisch de Vevey du 8 au 12 mars 2021. Lisez ou écoutez-les depuis votre canapé ou bien en visite au musée. Vous y rencontrerez en vedette l’installation éphémère Au secours de Diane de Chloé Geissler. Attention : à l’issue de cette expérience, les  objets qui vous entourent pourraient avoir envie de faire un brin de causette avec vous !

Chloé Geissler, Au secours de Diane, 2021

L’application izi.travel est consultable sur tout appareil connecté et même téléchargeable sur smartphone pour une utilisation hors connexion.

Image : Chloé Geissler, Au secours de Diane, installation éphémère au Musée Jenisch, mars 2021

Aimer sa ville, ça coule de source ? Comment s’approprier le lieu où l’on vit pour en faire un chez soi ? C’est le thème du projet Glaneries d’abord intitulé Limpidité. J’ai réalisé une série de vidéos dans lesquelles je donne la parole à des objets de l’espace public, invitant à considérer poétiquement ce qui nous semble d’ordinaire insignifiant. Le livre final est un guide de visite (très) décalé de Gland alliant balade urbaine et culturelle. Il a été distribué dans les boîtes à livres de la ville en mars 2021.

BALADES & ATELIERS dans le cadre de l’Été en ville : samedis 14 et 21 août 2021 de 16h à 18h

Héloïse Pocry, Glaneries, Affiche

Le livre des constellations n’est pas un livre habituel. Ce recueil poétique fabriqué et brodé à la main est transformable : il se feuillette pour une lecture classique, se déplie en leporello pour admirer le recto et le verso, ou bien s’ouvre à 360° pour former un livre étoile. Chaque exemplaire nécessite un long travail. Il est unique, numéroté et signé. Contactez-moi pour choisir le vôtre ! Les constellations brodées sont personnalisables sur demande.

Le livre des constellations

Écrire

parce que c’est là.

Écrire sans dormir

Parce que ça doit sortir,
vivre dehors: réel, précis et juste.
Parce que ça ne me laisse pas en paix,
tant que ce n’est pas en mot.

Écrire à temps

Ressortir cent fois mon stylo,
avant que l’idée ne s’échappe,
sans que le mot ne s’éclipse,
ni que la phrase ne se défasse.

Écrire esseulée

Laisser venir ce qui doit venir
seul à seule seulement.
Faire confiance à la petite voix,
celle qui n’a pas besoin de moi.

Écrire de mémoire

Écrire pour m’oublier,
pour me souvenir aussi.
Pour tourner une page,
y retrouver la blancheur.

Écrire le temps

Parce qu’à l’écrire il est plus intense:
quatre heures du temps universel
en une du mien se condensent
et me mettent en transe.

Écrire pour exister

Être à nu sans complexe,
devenir vraie sans détresse.
Vivre dans les mots,
survivre dans les autres.

 

Écrire alors désesseulée

Réserve

Nous nous sommes d’abord aperçus de loin. Je me suis approchée. Je me suis assise. Lui avait le dos appuyé contre le mur en face.

Il n’est pas très grand. Mais d’une sacrée carrure. Habillé sobrement. Tout en camaïeu de bleus. Les traits d’une grande finesse. Et de l’allure.

Il semble un peu transparent. Et pourtant si intensément présent. L’humilité d’un sommet enneigé. Une pudeur japonisante. Et le farfelu de l’ange déchu. Son univers intérieur aussi vaste qu’une planète dont je n’apercevrais encore qu’un horizon.

Au premier abord, j’ai cru qu’il manquait quelque chose à son être. Et c’est dans ce manque que je l’ai trouvé si beau et si touchant. Dans ce blanc que nous nous sommes reconnus. Que nous nous sommes un peu perdus, pour mieux nous rencontrer.

Il a l’air d’une créature un peu inachevée. Non pas qu’il soit sauvage. C’est plus subtil. Une invitation. J’ai vite compris qu’il est plus achevé que quiconque : il m’a offert la liberté d’entrer, sans me supplier de le combler. Il existait. J’existais.

Au début, je l’ai cru sur la réserve. Et pourtant il est si volubile qu’il déborde de son cadre immobile. Nous sommes restés tranquilles sagement l’un en face de l’autre.

Je lui ai dit :
« Apprivoisons-nous longtemps. Et que de notre longtemps, le monde entier ralentisse dans nos corps. »

Il m’a dit :
« Apprivoisons-nous en silence. Et que de notre silence, le monde se mire avec tendresse dans nos yeux. »

Je lui ai dit :
« Laissons le manque. Tu es : espace libre. »

Il m’a dit :
« Espace libre : comme toi. Ose être toi-même. Tu ne te tromperas pas. Là est le calme suprême. »

Il s’appelle « Montagnes ». Il a été peint en 1904 par Augusto Giacometti.

Entrons les espaces libres.
Existons.

Berge par Augusto Giacometti

Augusto Giacometti, « Berge », huile sur toile, 1904 © Kunstmuseum Basel (photographie : Martin P. Bühler)

Réserve est un mot d’une grande richesse sémantique. Je vous invite à l’occasion de ce texte à la (re)découvrir : Larousse.

Dessine

Tu me dessineras.

Avec des mots qui sculptent l’air. Avec des couleurs qui réfléchissent la lumière.

Mon histoire sera celle de toutes les femmes. Ma patrie sera celle de tous les hommes.

Tu dessineras mes grains de beauté, une nouvelle constellation dans le ciel.

Tu me dessineras telle une île née d’un volcan, au beau milieu de l’océan.

Les vents me feront chanter comme ce coquillage que tu tiens contre ton oreille.

Les courants me feront dériver comme cette souffrance que tu traînes avec ton ombre.

Tu me dessineras pour que je n’existe plus. Et la poésie coulera de ton crayon.

Haïku #1

La pluie infuse
Le bitume sent le thé fumé
Bientôt l’été

Haïku #2

Le lac se froisse
Ma peau se voile
Vent dessus dessous

Haïku #3

Magnolia blanc
Échancrures bleues
Ciel défloré

Haïku #4

Diamants épileptiques
Soleils et vagues pogotent
Léman stroboscope

Haïku #5

Caillou cuit
Lèche ma peau sèche
Ploufons au lac

Haïku #6

De grains de beauté
Les constellations dessinées
Reprends-moi au ciel

Haïku #7

Danser de rire
Frayeurs affranchies
Ton corps est mon corps

Haïku #8

Clouer la douleur
Le mur est trop dur
Haïku tordu

Haïku #9

Peuplier au vent
Bruissement scintillant
Valsons gentiment

Haïku #10

Botanique fauve
Rugissements de couleurs
Tigre, montre-toi

Haïku #11

Sieste au soleil
Herbe à chatouille
Rire en réveil

Haïku #12

D’un jour les poussières
Étoiles filant la lumière
Souvenirs d’hier

Haïku #13

Abat-jour en papier
Dentelle de plafond
Rose de gris

Haïku #14

Terre immobile
Rien ne décollerait
Nuages insolents

Haïku #15

Rive lumineuse
En face la nuit vacille
Berceuse

Haïku #16

Maison en fête
Hortensias aux fenêtres
Allez, je m’invite

Haïku #17

Sévère solitude
Ton fantasme était ailleurs
Reste ce haïku

Haïku #18

Que la terre bruisse
À l’avenir de délices
Le ciel en nos iris

Douceur

Le regard fut : abysse.
L’esprit fut : charpie.
Le cœur fut : larme.

Mais si la douceur les émeut,
La vie y deviendra vœu.

Violence dans le corps qui s’étreint.
Incendie dans l’âme qui s’éteint.

Renouveau
En aquarelle et rehaut
D’or chaque signe
Estomper les maux

Le regard sera : abysse.
L’esprit sera : charpie.
Le cœur sera : larme.

Mais si la douceur les caresse,
La vie en deviendra maîtresse.

Beauté dans les yeux qui s’embrassent.
Amour dans les cieux qui s’embrasent.

Justesse
En poésie et tendresse
D’or chaque geste
Panser les indélicatesses

Un jour peut-être, une trêve.
Et si la douceur la soulève,
La vie viendra comme un rêve.

Ce jour
Murmurera
Toi et moi

En hommage à la « Puissance de la douceur » d’Anne Dufourmantelle, dont je recommande vivement la lecture. Et vous, quel mot serait votre compagnon sur le chemin de la vie ?

Verre d'eau

Bois donc une gorgée d’eau.
Et bats-toi.

Bats-toi.

Ici : une mini-jupe sur jambes nues.
La liberté n’a pas d’ourlet.
Là-bas : ne pas crever d’une balle perdue.

Bats-toi.

Ici : le dernier sursis d’un journal.
La liberté n’a pas de petite monnaie.
Là-bas : ne pas disparaître pour un mot banal.

Bats-toi.

Ici : savoir ce qui reste en ton pouvoir.
La liberté n’a pas d’épaulette.
Là-bas : ne pas ceinturer d’explosifs ton savoir.

Bats-toi.

Ici. Là-bas. Maintenant. Toujours.
Parce que moi,
je me suis battu pour toi.
Et j’en suis mort.

En hommage à tous les résistants et courageux qui nous inspirent. La liberté se conquiert pied à pied. En son nom, il n’est point de petit combat. Et parce qu’il est fatigant de se battre, voici le contrepoint à ce poème :

Entre deux entredeux,
repose tes yeux
dans les cirrus liquoreux.

Au temps chancelant,
repose tes tympans
dans les flots bourrelés de vent.

À l’envol presque tien,
repose tes mains
dans les reflets d’un soleil marin.

Léman blanc

Le lac est empli de jour blanc
L’artiste a gommé son visage
Au-delà de quelques morillons
Le monde entier a disparu
L’autre côté n’existe plus

Notre train longe le bord de l’univers

Soudain les sommets
Éther, vague hors des terres
Estompe indéfinie
Entre deux brumes, une lagune
Roche et neige au milieu du ciel
Affleurement d’irréel

Ce pourrait être n’importe où

Léman scintillant

Architexture

Dans sa chambre d’enfant, Taddeo passait des heures à regarder le clocher qui saillait d’une trouée d’arbres par sa fenêtre, légèrement décalé vers la droite par rapport au centre des croisillons. Il croyait que ce clocher avait été placé exactement à cet endroit, uniquement pour lui, tout exprès pour que l’attente jusqu’à ce que son frère et sa sœur se réveillent soit agréable et divertissante. Il ne se lassait pas, matin après matin, de détailler les changements subtils de couleurs dans les tuiles, les mouvements légers ou brusques de la girouette, les ombres créant les volumes sur les facettes de la pointe.

Dans sa chambre d’adulte, loin dans le temps, mais pas si loin dans l’espace, il n’y a pas de clocher. Pas d’attente non plus. Sa femme Véra et ses enfants Floris et Amalia occupent toute son attention. Même s’il est toujours le premier levé, il n’y a plus à paresser en guettant le réveil de la maisonnée. Tant de choses à faire pour que tout soit toujours prêt. Si peu de temps pour penser. Pour pleurer non plus. Son père est décédé il y a quelques semaines. Sa mère aura bientôt une chambre en EMS. Tout à l’heure, il va vider sa chambre d’enfant.

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PhotoPoèmes

Textes écrits pour les images de l’exposition à Vufflens-la-Ville de la photographe Joëlle Misson.

[Nébuleuse]

On s’éblouit
On s’éternise
La terre rocaille

On s’embrume
On s’endort
Le ciel assaille

Je compte les étincelles
De la forge nocturne

[Cocon urbain]

L’araignée urbaine
Tisse sa toile de métal
En lumière sculpturale
Sa proie humaine
N’est qu’ornementale
Sans y voir aucun mal
La ville dévide nos peines

[Place Saint François de nuit]

Monsieur Ausoni, Monsieur Olivier et Monsieur François
Papotent du matin au soir sur la place Saint-François.
A quelques pas de là, Madame Bongénie est en joie :
Elle ose prendre de haut ces messieurs tout bourgeois.
Elle oublie que la nuit reste la même sous tous les toits.

[After dark]

De l’automne ne reste là
Que nos cadavres sans éclat

Je me lève dans le froid
Pour mener l’ultime combat

Diffracter l’étoile sans souci
Et sortir de la nuit bleuie

Avant de m’envoler roussie
J’illumine le monde de poésie

[Triptyque]

Nous marchons droit
Nous ne craignons
Ni les lunes menteuses
Ni les fausses étoiles

Nous avançons ensemble
Nous ne redoutons
Ni les pluies traîtresses
Ni les neiges taiseuses

Nous finirons fantômes
Car nous ne sommes
Ni les jouets du sort
Ni les maîtres du monde

[Avis de tempête]

On n’est jamais seul sur le Léman
Ce pays est mon rempart au malheur
Pas une larme qui ne devienne couleur
Je n’aime pas la vie en noir et blanc

[Brouillard sur le Gros-de-Vaud]

Je me suis laissé perdre
Par une étoile blafarde
C’était la nuit des temps
Et j’attendais l’autre monde
Demain je me suis réveillée
La terre en remuait encore

[Heure bleue]

Les masses perdent limites
Essaims, nuées, meutes, forêts
Se chevauchent, se vautrent
S’émoustillent, s’engloutissent
Beauté foutraque, déluge extatique
Tout ne fait qu’un
Quoi qu’on oublie

[Autoportrait avec Rolls Royce]

La lenteur l’anoblit
L’amour la fleurit
La confiance l’embellit
Je me love dans le moelleux de la vie

[Youthhood]

Je courais les yeux grand fermés
Je fabriquais des nuages chauds
Je tombais en poussière d’hiver

Lames de lumière
Pointes de froideur
L’enfance me griffe

Surimpression

Depuis mes études en histoire de la photographie, je suis fascinée par la surimpression. Voici un article que j’ai écrit à ce sujet :

Surimpressions naturelles et volontaires chez les surréalistes. Un regard multiple sur Paris

Grâce à cet article, j’ai rencontré l’artiste Hélène Marcoz avec laquelle je collabore depuis 2014. Voici les textes que j’ai écrits pour ses œuvres, à lire sur son site :

De nouveaux textes, poétiques cette fois, font partie du catalogue de l’exposition au Palais des beaux-arts de Lille consacrée à l’entier de son travail !

Still alive, Pivoines roses (3) par Hélène Marcoz

Hélène Marcoz, « Still Alive, Pivoines roses (3) », 2000

Vendanges

En 2019, j’ai fait partie de la troupe des Cent pour Cent à la Fête des Vignerons 2019 de Vevey, surnommée la FeVi. La participation à cette fête extraordinaire qui n’a lieu qu’une fois par génération m’a inspiré un recueil de poèmes prenant la forme d’un leporello illustré : Vendanges poétiques. Il n’est plus disponible en librairie mais le reste auprès de moi à prix libre : contactez-moi pour recevoir votre exemplaire !

Vendanges poétiques

Des pieds de vignes aux pieds de poésie : c’est le titre de l’atelier-lecture inspiré par la FeVi qui a eu lieu le 08.08 dans le cadre du programme culturel Un jour au paradis. Vendangeons ensemble la poésie et buvons ses mots !

Moussu

Sur le bord du chemin détrempé,
un bon rocher moussu à sa portée.

Il tape son talon gauche dessus,
un premier pied bien calé au fond.
Il lace la chaussure bien serrée.

Il tape son talon droit dessus,
un second pied bien calé au fond.
Il lace la chaussure bien serrée.

Arthur secoue légèrement son sac à dos.
Le voilà de nouveau bien calé aussi.
Et voici: il est parti.
Au revoir, bon rocher moussu.

L’important n’est pas la destination,
mais le chemin.
Cette maxime le poursuit depuis des mois,
non sans raison,
mais bien en vain.
Il aimerait tellement avoir une destination.
Juste une.
Même tout près de sa maison.
Mais non.
Il n’en trouve pas.
Il ne sait pas lire les cartes.
Alors il est parti sans.

Lisez gratuitement la suite en ligne sur le site de la Revue des Citoyens des Lettres !

L'accident

Nadia est agrippée aux prises, une dans chaque main. Le front enfoncé dans le froid de la paroi. La joue sur le rêche de la corde tendue. Elle n’est qu’à un tiers de la hauteur de la voie la plus facile de la salle de grimpe. Pourtant, elle tremble de tout son corps, elle qui avait un niveau tout à fait respectable trois ans plus tôt. Regarde en bas. Regarde l’assureur. La peur est irrépressible, irrationnelle, chair de poule. Elle crie qu’elle redescend. S’agrippe encore plus fort à la corde qu’elle ne l’a fait aux prises. Souffle comme un bœuf en s’écroulant dans le tapis mou.
Trois ans ont passé. Depuis tout ça :

Lucie touche terre. Un plat sur le dos. Son corps sursaute. Étouffe. Le torse se soulève. Les bras se tendent. Les pieds se suspendent. La bouche se contorsionne. Happe l’air devenu trop rare. Un poisson qu’on jette hors de l’eau.

Elle est morte. Blanc.

Nadia a tué quelqu’un.

Lisez la suite dans le numéro 7 de la revue La cinquième saison sur le thème « Retour à la terre » !

Sédiments

Retrouvez la version anglaise sur le site de la Fondation Heinrich Böll avec les dessins de l’artiste Bibizizi.

Les guirlandes brillent par-dessus le soleil. Chaque objet de l’univers est à sa place. Ici, c’est chez moi. Je n’ai pas besoin de chercher où sont cachés les cheveux des rêves.

Mais cet univers est-il vraiment le mien ? Je lève les yeux au ciel. Je regarde ailleurs. Je rêve de sauter hors de l’aquarium. Élargir les rives de l’océan.

Où puis-je poser mes bagages dans ce labyrinthe ? Aucun arrondi moelleux. Tout est à angle droit : tranchant. Je n’avais pas vu la frontière.

Les cheveux des rêves me suivent comme des nuages de pluie. J’apprends par cœur le plan de ma nouvelle géographie humaine. Pourtant, je sors cette carte étrange à chaque carrefour pour vérifier que je ne me trompe pas.

Zeinab Aghamahdi

Les objets de chez moi ont trouvé leur nouvelle place, nichés dans les alcôves du bien-être. Je commence à me connaître, je crois.

Mais les cheveux des rêves deviennent fous. Le miroir ne me reconnaît plus. Alors je me déshabille. Je cherche sur mon corps les escargots qui ont emmené ma maison où brillaient les guirlandes par-dessus le soleil.

J’enquête à la loupe. J’explore au microscope. Je ne me reflète que dans les autres. Je crée au pluriel. Je brandis mes crayons et mes couleurs. Je joue avec le monde en pagaille, mais si bien ordonné aussi.

J’accumule les quêtes. Je me sens tellement plurielle que je dois me déguiser par-dessus mes déguisements. Le miroir est devenu un kaléidoscope incompréhensible. Ne reste que le jaune.

Je remplis l’univers de mes objets. Je recompose l’image, mon image. Je mixe tous les voyages. J’ai retrouvé les guirlandes et j’y fais pousser de nouveaux soleils à l’ombre de mes crayons et de mes couleurs. Tu viens jouer à la dînette avec moi ?

La foule ne me prend pas. Le pays n’est plus natal, mais fatal. Je ferme les yeux pour que les regards se taisent.

Alors je creuse un océan parmi vous, mes amis, et je m’y réfugie. Il est tout petit. J’y suis un peu à l’étroit pour l’instant. Mais je vous fais confiance pour me laisser ma place petit à petit.

L’océan m’engloutit tout d’un coup. J’ai creusé trop profond et les lames m’ont entraînée plus loin que de raison. Mes propres mirages flottent à l’horizon. Les escargots s’éloignent toujours plus avec ma maison.

Si je veux me connaître, si tu veux me connaître, n’ayons pas peur de mes histoires. Ce sont elles qui racontent qui je suis. Ce sont elles qui m’élèvent de plus en plus haut, couche après couche, au-dessus de l’océan sans fond. Raconte-moi tes histoires maintenant. Grimpe haut avec moi !

Je couds mes histoires. Je les assemble, je les rassemble. J’en ai mis quelques unes des tiennes aussi. Ce sera un bel édredon sur le lit, qui nous tiendra chaud pour rêver ensemble.

L’océan n’est plus effrayant. Plonge avec moi : les poissons nous chatouilleront les pieds et nous rirons comme des fous !

Et tous les univers se rencontreront grâce à nous.

L'onde impatiente

L’onde impatiente a dormi 5 ans dans mes cahiers. La voilà prête à faire vibrer votre écran ! Une lecture augmentée visuellement et musicalement grâce à Alina Weber, Rosalie Vasey et Fiona Daniel. Suite à une fort désagréable expérience avec une maison d’édition, j’offre ce livre en téléchargement gratuit. Au nom du partage et de la liberté. J’espère que vous accueillerez avec tendresse cette œuvre de jeunesse.

L'onde impatiente

La configuration recommandée est de télécharger le fichier et de l’ouvrir dans Adobe Acrobat Reader. Merci par avance de patienter pendant le chargement des 12 Mo. La musique est audible sur ordinateur, le reste sur tous les écrans en affichage 1 ou 2 pages. 

Les Carnets ambulants de l’été continuent toute l’année ! Cet atelier sur le mode du carnet de voyage mêle dessin, peinture, écriture et autres médiums créatifs. Il aura lieu dès que possible en extérieur afin d’observer avec un nouveau regard la réalité environnante. Nous emmènerons nos carnets en ville, dans la nature, au bord du lac, dans les cafés et les musées afin de décupler notre sens de l’observation et nos sources d’inspiration. L’aventure commence à deux pas de chez soi !

Illustration de l'Atelier Carnets de voyage par Héloïse Pocry

Dates et horaires 2023-2024 : le 1er dimanche du mois de 14h à 17h /avec Etc.! un mercredi par mois de 9h30 à 11h30
Lieu : plein air et lieux publics (cafés et musées) accessibles en transports publics à max 20 min de Nyon
Modalités : dès 14 ans, aucun prérequis
Inscriptions : auprès de moi le dimanche et en cliquant ici le mercredi

Programmation passée : Bibliothèque Médiathèque de Sierre, Été en ville à Gland

L’écriture collective et les inspirations croisées seront au cœur de cet atelier aussi convivial que créatif. La polysémie du mot Frémissements servira de thème à l’ensemble des textes écrits au fil des mois, avec l’objectif de les rassembler dans un recueil à la fin de l’année. Notre sensibilité artistique se focalisera sur la justesse des mots, les sensations fines, les émotions grandes ou petites et les bruissements du monde qui nous bercent, nous submergent ou nous exaltent.

Visuel de l'atelier d'écriture d'Héloïse Pocry

Dates et horaires 2023-2024 : en atelier mensuel sur l’année à l’association Etc. ! de Nyon, le mercredi de 9h30 à 11h30
Lieu : Chalet Mont-Blanc, chemin de la Croisette 1, 1260 Nyon
Modalités : dès 14 ans, aucun prérequis
Inscriptions :

En nous inspirant des affiches exposées au Château de Nyon, nous illustrerons en vives couleurs et slogan accrocheur notre propre affiche d’un lieu ou objet qui nous est cher. Affiche-toi pour une fois ! est un véritable moment de partage et de collaboration entre les enfants et les adultes, un déclencheur de créativité pour transformer nos souvenirs en affiche surprenante, émouvante ou même loufoque ! Cet atelier met aussi à l’honneur la gouache d’artiste, technique à (re)découvrir pour le plaisir.

Illustration atelier À quatre mains

Dates et horaires 2023 : vendredi 18 octobre de 14h30 à 16h30
Lieu : Château de Nyon, place du Château, 1260 Nyon
Modalités : adultes et enfants accompagnés dès 6 ans, sans prérequis, matériel fourni
Inscriptions :

Programmation passée : Musée Jenisch de Vevey

(Re)découvrons le plaisir du théâtre grâce à la pratique de l’écriture ! L’atelier avant le spectacle nous familiarise avec le sujet de la pièce. L’atelier d’après approfondit l’expérience vécue devant la scène. Les ateliers Avant/Après sont un lieu convivial de rencontres culturelles et créatives entre des publics d’horizons variés. Deux séries accompagnent plusieurs spectacles des théâtres veveysans Le Reflet et L’Oriental.

Atelier Avant/Après

Dates et horaires 2023 : informations et inscriptions pour LE REFLET ici / informations et inscriptions pour L’ORIENTAL sur la page du spectacle Femmes parallèles
Modalités : dès 14 ans, aucun prérequis, matériel fourni

Écrire est un art vivant.

À Genève, le fleuve est notre inspiration pour le trio d’ateliers d’écriture Au fil du Rhône accompagnés de conférences scientifiques en plein air sur le thème des migrations, organisé par le Musée d’ethnographie et l’association Cap sur le Rhône, tandis que l’atelier en trois volets Chronographie accompagne de manière créative et décalée l’exposition 10 milliards d’années au Musée d’art et d’histoire. Débordement imaginatif probable sur le présent !

Détail du Rhône à Genève par Héloïse Pocry

Dates et horaires 2022 : jeudis 15, 22 septembre et 13 octobre de 18h30 à 20h30 au MAH / dimanches 18 septembre, 16 octobre et 20 novembre au MEG
Lieu : Musée d’art et d’histoire, Rue Charles-Galland 2, 1206 Genève / Musée d’ethnographie, boulevard Carl-Vogt 65, 1205 Genève
Modalités : dès 14 ans, aucun prérequis, matériel fourni
Inscriptions : billeterie du MAH /

picoPoésie

pico : (symbole p) est le préfixe qui représente 10-12  fois l’unité devant laquelle il est placé. Cela désigne donc les toutes petites choses. C’est aussi le nom de l’île principale des Açores : l’île de Pico. Cette double inspiration nous emmènera pendant l’atelier picoPoésie dans un voyage poétique au milieu des toutes petites choses de tous les jours mais aussi des grandes échappées de notre imagination. Après ce voyage, il suffira de regarder autour de vous pour voir la poésie partout !

Cet atelier a battu un record d’affluence à la Bibliothèque de Vevey et à l’Oriental-Vevey pour le Panier culturel, puis a encore été programmé à la Médiathèque Valais de Martigny et à la Bibliothèque d’Ecublens.

Le pot à mot

En nous inspirant de l’exposition de céramique contemporaine Melting pot au Château de Nyon, mais aussi de la plante aquatique nommée potamot, nous fabriquerons un Pot à mot en papier décoré, à remplir de mots doux ou de secrets poétiques et joyeux, pour le plaisir des petits et des grands. L’atelier a eu lieu à plusieurs reprises en 2022 et 2023.

Relivre

Que faire des livres endommagés ou obsolètes encombrant nos bibliothèques ? Ne jetons pas nos livres ! Avec des techniques simples, sauvons-les de la déchetterie grâce au surcyclage et offrons-leur une seconde vie en sacs, pochettes, enveloppes, guirlandes et décorations. Cet atelier s’est tenu à la Bibliothèque de La Tour-de-Peilz et à la Bibliothèque d’Ecublens.

DynaMOT

Quel est le lien entre un cadavre exquis, l’encre sympathique et un calligramme ? La réponse est donnée dans l’atelier parent-enfant DynaMOT ! Conçus pour le pur plaisir de jouer avec les mots, les exercices dynamiques mettent en avant l’esprit de collaboration et le pouvoir du langage de manière ludique, hors des normes scolaires. Des jeux à poursuivre à la maison sans modération ! L’atelier a eu lieu à plusieurs reprises au Musée suisse du jeu de La Tour-de-Peilz et à la Bibliothèque d’Ecublens.

Ecotopia

L’Atelier Off s’est tenu chaque mois de janvier 2016 à juin 2021. Convivial et collaboratif, l’atelier était conçu comme un espace protégé d’inspiration  et d’expérimentation. Les échanges vivifiants se prolongeaient d’ailleurs toujours dans la soirée. En 2020, la session spéciale Voyage en Ecotopia, inspirée du roman Ecotopia d’Ernest Callenbach, a permis de mettre en récit les futurs dans lesquels nous nous projetons. Et d’écrire à agir, il n’y a qu’un pas, n’est-ce pas ?

Bas les masques !

Dans le cadre de la Fête de la danse 2019, j’ai créé pour la Fondation SAPA, Archives suisses des arts de la scène, une mini-exposition pour le jeune public, de format portable et interactif, sur le thème des masques et de la danse. Bas les masques ! comprend un livret, un atelier, ainsi qu’une version virtuelle accessible ici.

Jazz

En 2018 et 2019. j’ai ’accompagné l’équipe de la plateforme Montreux Jazz Memories pour une série de rencontres-ateliers au Montreux Jazz Café de l’EPFL, ainsi qu’à la Maison Visinand de Montreux. La plateforme collaborative en ligne permet à chacun⋅e de partager ses archives et souvenirs du Montreux Jazz Festival et de leur donner une nouvelle vie, afin que cette mémoire ne se perde pas. Voici mes contributions personnelles à la plateforme :

N’hésitez pas à publier vos propres archives et souvenirs !

Villa Dutoit

À l’occasion de certaines expositions à la Villa Dutoit à Genève, j’ai proposé en 2017 plusieurs ateliers d’écriture reprenant spécialement le thème de l’exposition : une invitation à goûter au plaisir des mots en profitant de l’écrin architectural de la Villa et des œuvres exposées, pour une inspiration décuplée.

En compagnie de Zeinab Aghamahdi, Denis Beuret et Natacha Garcin, nous avons allié danse, écriture, musique et dessin dans un projet intitulé PARTIR, développé au cours de deux résidences artistiques au Dansomètre de Vevey et à la Villa Dutoit de Genève. Deux ateliers participatifs, un texte collaboratif en ligne et une performance ont ensuite eu lieu le 28 avril 2018 lors de l’exposition « Vous êtes ailleurs » à la Villa Dutoit.

Présentation

Tout a commencé à l’âge de six ans lorsque j’entendis un camarade de classe lire son poème « Cerise aime les cerises ». Ce fut l’illumination : je décidai immédiatement de devenir écrivaine. Il subsiste quelques manuscrits de l’époque, ainsi qu’une interview sur K7 avec ma petite sœur, elle journaliste d’environ sept ans et moi écrivaine d’environ dix ans.

Le fameux magnétophone à K7

J’ai retrouvé ce rêve d’enfant 20 ans plus tard en participant à un atelier d’écriture. L’évidence étincela de nouveau et cette fois, je suivis sa lueur sans plus l’oublier. Depuis 2015, je développe des projets artistiques mêlant littérature, arts visuels, arts de la scène et monde numérique. J’anime également des ateliers variés partout en Suisse romande.

Je suis arrivée en Suisse en 2004 comme bénévole au Montreux Jazz Festival. Je me souviendrai toute ma vie du premier regard que j’ai posé sur le Léman à travers la vitre du train entre Lausanne et Montreux. Je ne suis jamais rentrée de ce voyage ! Coup de foudre pour le paysage, mais aussi pour ses habitant⋅e⋅s. Vevey est ma ville de cœur, même si j’ai suivi mon amoureux à Gland début 2020.

Léman après l'orage

Le Léman est mon pays, même si je ne suis pas née ici. Il est une source inépuisable de sérénité, d’inspiration et d’amour. Il fait partie de moi comme je fais partie de lui et me manque quand je le perds de vue plus d’une semaine. C’est au bord du Léman que j’ai vécu les plus beaux moments de ma vie et chaque jour je l’en remercie. Quelle chance de vivre ici ! Si ces mots résonnent en vous, bienvenue en Lémancolie !

Manifeste

L’écrivain

est écrivaine, scrittore, poète, Dichter, writer, autrice prolixe ou auteur à la petite semaine, écriveur, écriveuse, couveuse, romancière, écriteur professionnaliste. L’écrivain est social, arrogant, humble, mondain, excentrique ou tout à fait classique, pas encore à sa place, déjà dans une tour d’ivoire ou rien de tout cela. Est débutant, balbutiant, curieux, hirsute, sûr et certain, public, professionnel.

En tous les cas artiste.

L’écrivain se définit par un sourire, par plaisir, par la discipline ou bien le travail, par la dilatation du temps, par pur accident. Croit écrire par besoin, par nature, par hygiène, partage. L’écrivain a des méthodes, une stratégie, des stratagèmes aussi, la posture. A une maison d’édition à Paris, ou une tout juste née nulle part, un contrat, des commandes, une chronique dans un hebdomadaire, plusieurs emplois plutôt alimentaires, un lecteur, 1000 lectrices, 5 millions de followers ou rien de tout cela. Veut lire constamment, ou seulement de temps en temps, par métier ou par boulimie, pour se remplir, se comparer, se positionner.

L’écrivain veut avant tout être lu.

L’écrivain prépare, surprépare, ou laisse simplement courir. Se retrouve quoi qu’il en soit crampé de sa plume sur le papier, de ses doigts sur le clavier, de ses pouces sur l’écran tactile. L’écrivain est sans condition, a bien entendu ses contradictions, sans doute de la compassion, fuit la complaisance en revanche. Souffre de faim, des fins aussi, souffre à l’écriture, jouit à l’écriture, s’ennuie, se rend dingue, se fait rire ou rien de tout cela. Est une voix, est traducteur, est médiateur, a des histoires, aucune vérité, cherche une potentielle sincérité, cherche forcément où est l’apéro, se cherche, recherche.

L’écrivain a quelque chose à dire.

L’écrivain planche sur son inspiration, penchant naturel, pente glissante. Sait parler de son œuvre, parler à la solitude, parler toujours trop à son ego. Sait ce qu’il fait, peut-être ce qu’il est, plus que ce que sont les autres. Sait parfois ce qui l’habite, ne sait rien le reste du temps. Ou si. L’écrivain devient, dénerve. L’attention aux détails, à la langue, à sa langue, à la géolocalisation, à l’extrapolation ou rien de tout cela. L’écrivain communique avec des mers intérieures, des univers collectifs, les cultures bouturées. Et l’ufologie et l’utopie et l’uchronie. Avec l’Orient et l’Occident et tout ce qui n’est ni l’un ni l’autre. L’écrivain communique avec l’humanité, des vivants et des morts et les invisibles et les insoumis. Par peur de sinon virer misanthrope, par orgueil de pourtant déborder d’amour, par certitude de néanmoins toujours douter ou rien de tout cela.

L’écrivain écrit parce qu’il écrit.

J’ai écrit ce « Manifeste du Monte Verità » en 2016 lors du Cenacolo del Monte Verità, organisé par les Eventi Letterari à Ascona.

Réservoir

La plume vous démange, mais vous ne savez par où commencer ? Vous aimeriez participer à un atelier d’écriture, mais n’osez pas encore ? Voici quelques exercices pour vous lancer :

Écriture automatique

Mettez un chronomètre sur trois minutes et transcrivez mot pour mot toutes les pensées qui traversent votre esprit sans aucune censure et sans lever le stylo du papier. Si vous n’avez pas d’idée, écrivez simplement « je ne sais pas quoi écrire, je ne sais pas quoi écrire ». Quelque chose apparaîtra, c’est garanti.

Logorallye

Prenez cinq mots au hasard, dans un dictionnaire par exemple, puis écrivez un petit texte comprenant ces mots. Ne réfléchissez pas trop à la vraisemblance du texte. Au contraire : n’hésitez pas à inviter le farfelu.

Liste

Si vous avez un projet de texte, mais qu’il résiste un peu à l’écriture, commencez par lister les mots-clés de votre projet. Puis, procédez par association d’idées pour étendre la liste. Votre texte devrait ensuite s’écrire plus facilement.

Sortez dehors !

Et asseyez-vous sur un banc, dans un café ou ailleurs. Décrivez tout ce qui vous entoure en portant une attention particulière à vos cinq sens. Vous pouvez aussi faire cet exercice en vous promenant et en prenant des notes à la volée. Allez plus loin en choisissant une ou plusieurs personnes à observer et imaginez un monologue ou un dialogue à partir de vos observations.

Prosopopée

Choisissez un objet autour de vous. Mettez-vous à sa place et écrivez un monologue en vous inspirant de ses fonctions, de l’environnement dans lequel il se trouve, des personnes qui l’utilisent.

Amorce

Attrapez un livre au hasard, un roman de préférence. Prenez sa première phrase. Ce sera l’amorce de votre texte : écrivez la suite ! Si cette phrase ne vous inspire vraiment pas, essayez avec un autre livre. Voici une variante : prenez cette phrase pour conclure votre texte. Il vous faudra imaginer l’intrigue à rebours. Ce n’est pas plus compliqué, essayez et vous verrez !

Vous avez maintenant envie de sortir de l’écriture en solitaire et de partager le plaisir des mots ? Rendez-vous à un prochain atelier !

Mentorat

Vous cherchez une personne de confiance pour développer votre projet artistique ?

Vous voilà à la bonne adresse ! J’accompagne votre projet, qu’il soit littéraire ou d’un autre type, de manière professionnelle et personnalisée, pour une partie ou l’ensemble de ces missions :

Gestion de projet

  • Coordination partielle ou globale
  • Conception
  • Planification
  • Budgétisation
  • Recherche de financement
  • Promotion

Écriture

  • Atelier participatif
  • Suivi régulier
  • Soutien rédactionnel
  • Relecture
  • Correction
  • Retour critique

Design graphique et web

  • Mise en page de textes et images
  • Production d’images
  • Édition papier
  • Édition numérique
  • Édition web

Contactez-moi pour discuter de votre projet et établir un devis en fonction de votre budget.

Livres

Quelques livres lus récemment qui m’ont grandie, invitée à croire en l’humanité, donné le sentiment de vivre plus que ma vie :

David Abram, Comment la terre s’est tue, 2013

Ce livre a changé mon rapport au langage autant qu’à la nature.

Ernest Callenbach, Ecotopia, 1975

Ou comment rêver aujourd’hui à l’aune d’une utopie imaginée il y a presqu’un demi-siècle. J’en ai fait tout un atelier.

Robert Bringhurst, La forme solide du langage, 2011

Son titre m’a conquise au premier regard et je relis sans cesse son premier chapitre. Il y est question de mots lâchés dans l’océan et d’écrits laissés à la plage.

Richard Powers, The Overstory, 2018

La langue de cet écrivain est aussi magistrale que la sagesse des arbres, héros de ce livre. Un livre-monde.

Claudio Ceni, Violence, 2015

Je n’ai jamais autant pleuré à la fin d’un livre et regrette éperdumment de ne pas avoir rencontré cet écrivain.

Michael Chabon, The Amazing Adventures of Kavalier & Clay, 2000

Un comics sans image, un tour de force. Ce livre est un ami très cher.

Ian McEwan, Solar, 2010

Il contient une scène dont le personnage principal est un paquet de chips. J’en ris encore à chaque fois que j’y pense.

Elif Shafak, Soufi, mon amour, 2010

J’ai découvert Elif Shafak grâce à un portrait sur Arte, été époustouflée par sa conférence TED et ressens de la tendresse pour ses romans.

Orhan Pamuk, Le musée de l’innocence, 2011

Une histoire racontée à la fois par un livre et par un musée ne pouvait que me séduire.

Et quelques livres plus anciens que je porte toujours dans mon cœur :

Anne Cuneo, Le maître de Garamond, 2002

J’ai une tendresse incommensurable pour les livres d’Anne Cuneo ! Celui-ci est  en outre indispensable aux passionnés de typographie.

Lechermeier/Dautremer, L’amoureux, 2003

Les livres pour enfants sont d’une créativité folle qui manque chez les adultes !

Siri Hustvedt, What I Loved, 2003

Coup de foudre littéraire. Depuis, je suis une grande amoureuse des livres de Siri Hustvedt.

Paul Eluard, Le temps déborde, 1947

Il contient mon poème préféré. J’ai eu la chance d’avoir entre les mains un exemplaire du tirage limité de 1947 contenant le faire-part de décès de Nush : ce fut dans mon cœur une collision bouleversante entre réalité et imaginaire.

Khalil Gibran, The Prophet, 1923

Parce que to know the pain of too much tenderness. Si j’avais un tatouage, ce serait cette phrase. Mais j’ai suffisamment de grains de beauté.

Pierre Loti, Les désenchantées, 1906

Adolescente, j’ai emprunté ce livre dans la bibliothèque de ma grand-mère. Je dois toujours lui rendre. Il a teinté ma visite d’Istanbul, bien longtemps après sa lecture.

Mots

Coups de foudre linguistiques :

Mots pour les couleurs

Versicolore Parce que chacun⋅e d’entre nous voit les couleurs différemment.
Chatoyant Commence comme château et finit comme larmoyant, ce qui n’a rien à voir avec la signification, quoique.
Vif-argent Décrit certaines eaux et certaines personnes aussi.
Vert-de-gris Une mue de couleur est toujours intéressante.
Camaïeu La diphtongue finale est délicieuse pour les oreilles comme pour les yeux.
Rehaut La touche finale qui donne le relief, comme la chute d’un texte.

Mots qui manquent en français

Successful Que révèle l’absence de mot dans la langue française ?
Entrañablemente Un chef d’œuvre du vocabulaire espagnol.
Survue Néologisme d’une amie zurichoise, beaucoup plus précis que vue d’ensemble ou panorama.
Vorfreude Quel soulagement ! L’allemand a un mot pour se réjouir d’un bonheur à venir.

Mots rigolos

Handschuhe Littéralement des chaussures de mains, tout de même !
Refunfuñar La traduction laisse à ronchonner.
Quais La prononciation de ce mot portugais ressemble au cri du crapaud.
Vasistas Étymologiquement, cela vient de l’allemand « Was ist das ? », question posée à travers un guichet.
Razzmatazz Tralala saupoudré de bling-bling.
Wysiwyg Il existe des trésors dans le domaine informatique !

Mots à utiliser plus souvent

Matrie Beaucoup plus sensé que la « mère patrie ».
Matrimoine Le patrimoine ne vient pas que du père.
Bravo Les compliments sont plus efficaces que les réprimandes.

Mots pour la tristesse inexplicable

Vague à l’âme Sublime à prononcer et cela m’arrive souvent.
Weltschmerz Bien moins joli à prononcer mais décrit encore mieux le sentiment.
Saudade Intraduisible et je connais une personne qui en pleure.
Fernweh Dramatiquement poétique.
Shallow Je trouve ce mot d’une tristesse abyssale, contrairement à ce qu’il signifie. Il m’interpelle à chaque fois que je tombe dessus.

Mots visuels

Papillon Vous voyez comme moi le vol de l’insecte en prononçant ce mot ?
Mariposa Et là, vous le voyez se poser sur la fleur en même temps que sur le mot ?
Picaflor Le colibri est un pique-fleur en espagnol d’Amérique du Sud.
Beija-flor Et un baise-fleur en portugais !

Romandismes

Volontiers Son utilisation toute nue est une identité en soi.
Renversé Ou le café tatin. Non ?
Cocolet J’en suis la reine !
Gougnafier L’insulte qui remplit toute la bouche.
Éperdable Variante de l’imperdable qui n’existe que dans une seule famille vaudoise persuadée qu’imperdable serait trop logique.
Se royaumer Ou comment se téléporter dans un conte de fée.

Mots pour le Léman

Ici, je vous laisse créer votre propre liste !